Depuis le suicide de mon frère, il y a un mois et demi de cela, je n’arrive pas à trouver du sens aux choses de la vie comme le travail et la performance. Je ne trouve du réconfort qu’en étant avec des personnes, en lisant et regardant des films et en faisant du jardinage et du vélo. Ce qui est déjà pas mal, sans doute. Mais je remets tout en question. Je n’arrive pas à gérer les vagues d’émotions qui arrivent. Je suis triste et fachée parfois et je me sens impuissante et coupable. J’essaie de comprendre et de respecter son geste, mais c’est difficile. Il n’a rien laissé et nous sommes dans le néant. Son suicide nous laisse dans une douleur incompréhensible. Je comprends sa souffrance, car j’ai le sentiment qu’en s’enlevant la vie, c’est nous maintenant, sa famille, qui vivons avec sa peine et sa souffrance qui l’envahissaient depuis des années. La violence de son geste me laisse pantoise malgré tout. Je suis pétrie de doutes et j’ai constamment son image en tête. Je ne sais pas si la Rachel d’avant reviendra un jour. J’ai ce sentiment de devoir faire le deuil de qui j’étais.
Je comprends tellement tout ce que tu partages , c’est un tsunami d’incompréhension et de souffrance , c’est tellement de douleur insupportable…Ça fait mal , on voudrait plus y penser tellement c’est invraisemblable , se réveiller de ce cauchemar.J’ai aussi perdu mon frère , il s’est enlevé la vie en février 2022 , cela fait maintenant 16 mois , mon cheminement est cahoteux et difficile , je recherche la paix intérieure mais je suis consciente que cela est le travail de toute une vie , je tombe et me relève en appréciant chaque moment de gratitude que la vie m’apporte, je vais vivre pour tout ceux qui n’ont pas vécu , je veux apprendre à pardonner , à eux et à moi aussi , et à être bienveillante envers moi et ceux que j’aime , ceux qui me reste…bon courage , je partage ta peine , nous sommes tous reliés par le même drame , nous pouvons faire une différence en nous entraidant , j’y crois , que la paix t’accompagne .Courage Rachel.
Tu as raison, c’est vrai que l’entraide entre personnes qui ont vécu un drame similaire aide beaucoup. Car seuls les gens qui savent ce que c’est peuvent comprendre réellement. Je suis de tout coeur avec toi. Tu es forte et courageuse.
Chère Rachel,
Ce que tu dis résonne si fort en moi… J’ai envie de te dire qu’un mois et demi, c’est si récent, si court pour absorber un choc aussi insoutenable… J’ai perdu mon meilleur ami par suicide (je l’appelais mon grand-frère de cœur) il y a maintenant un peu plus de trois ans. J’ai à peine souvenir des premiers mois suivant son suicide, ma vie au complet semblait s’être arrêtée. Plus rien ne faisait de sens, la douleur prend tellement de place… J’ai vraiment cru que ça ne pourrait jamais s’atténuer; j’ai fais une grosse dépression qui a durée près de deux ans…
Mais la vie est forte, tu sais. J’ai pris part à des forums en ligne et ai créé des liens avec des gens ayant vécu la même chose que moi. J’ai consulté, j’ai écris beaucoup, j’ai lu beaucoup… Et je me suis donné le droit de vivre mes émotions, même les plus horribles… La personne que j’étais avant, elle est partie avec lui*. J’ai du déménager, remodeler ma vie au complet… Mais aujourd’hui, j’ai réussi à obtenir la garde du petit garçon qu’il a laissé derrière. J’ai réussi à obtenir la job que je rêvait d’avoir depuis ma sortie de l’université… Je pense à lui tous les jours, je lui parle en regardant les étoiles. Il m’arrive encore de me coucher le soir, la main tendue, en lui demandant de l’attraper pendant que je dors… Là peine ne disparaît pas, mais on arrive à se construire autour.
Vit ta peine selon tes propres critères… Défoule toi en allant hurler au milieu d’un champ s’il le faut! Accepte l’aide et entoure toi des gens qui t’aiment. Surtout : prend une minute à la fois.
Je te souhaite toutes mes condoléances pour la perte difficile que tu vis et t’envoie plein de courage et d’amour. Tu n’es pas seule!
*Ce passage a été modifié conformément aux conditions d’utilisation du
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Bonjour Lola, merci pour ton message - auquel je réponds bien tardivement. Désolée pour cela. Aujourd’hui, 4 mois après le suicide de mon frère, je vais mieux, même si c’est encore terriblement dur. J’ai plus d’élan qu’avant, et je veux honorer mon frère en vivant plus sereinement. Ça fait du bien de lire un témoignage comme le tien. Ça m’encourage à suivre mes envies. Retourner à l’université peut-être, changer d’univers professionnel…je te félicite d’avoir pu accomplir ce dont tu rêvais et d’avoir cet enfant à tes côtés. Quel beau geste rempli d’humanité. Au plaisir et merci pour ton message.
Je vous lis et je ressens les mêmes émotions, les mêmes questionnements qui demeurons sans réponse. J’ai perdu ma meilleure amie, Mylène, que je connaissais depuis le secondaire, en mars 2022. Je n’ai pas de sœur de sang, donc elle est devenue au fil du temps ma sœur cosmique, ma jumelle d’âme.
Nous avons commencé à écrire l’ébauche de nos romans pas mal en même temps au secondaire. Elle a publié son roman en 2019.
À la mi-février, début mars 2020, je débutais la réécriture de mon roman pour la quatrième fois et je m’imaginais la finir avec elle à mes côtés.
J’ai fini de peine et de misère cette réécriture en octobre 2022, soit quelques mois après son départ. Au cours des derniers mois, je me suis acharnée à peaufiner mon roman, mais mon cœur n’y était plus. Une nouvelle personne dans ma vie m’a ouvert les yeux et m’a fait comprendre que ce roman sur lequel je m’acharne est intimement relié à Mylène. Je croyais pouvoir m’aider moi-même dans mon deuil en poursuivant mon travail sur ce roman, mais la réalité m’a frappé de plein fouet: je n’ai plus, pour le moment, la passion d’écrire cette histoire. Je l’ai complété pour Myli après son suicide et pour moi aussi.
Désolée, je ne sais plus où je voulais en venir avec tout ça, mais le titre de cette conversation: * Vivre avec la violence de l’absence * me rejoint beaucoup et que dire de vos messages!
J’ai l’impression d’être morte avec Myli, de ne plus être la même et d’avoir perdu le goût de la vie. J’endors mon cerveau en écoutant des films et des séries (j’aime ça à la base, mais ça ne fait pas travailler mes méninges ben ben, je dois dire) et je ne vis plus. L’absence de Myli hante ma plume.
Je la vois dans les oiseaux, le ciel et ses multiples nuances, les papillons, je l’ai déjà vu en rêve.
Savoir qu’elle n’est plus là physiquement…Je dois venir d’une autre planète, mais je ne m’y fais pas. Où est-elle? Comment continuer d’avancer quand dans son absence, mon monde tourne autour d’elle?
J’essaie de m’accrocher à la lecture et l’écriture pour passer au travers, m’accrocher à mon travail et à mon poste de déléguée pour un organisme en santé mentale, mais gosh que c’est toff en maudit certains jours!!!
Vivre avec la violence de l’absence, je pense que je n’aurai pas mieux dit.
Je nous souhaite du beau et de la douceur.
Merci d’exister cher forum, merci l’AQPS pour ce moyen de créer des liens et de nous unir à travers nos pertes.
Big love à tous xxx