Malgré le passage des années, c’est souffrant

Bonjour, j’ai simplement besoin de parler à d’autres qui ont vécu ce drame…Ça fait presque 10 ans maintenant. Je n’en parle plus autour de moi, j’imagine que les gens considèrent que je devrais être « passée à autre chose » ou avoir « fait mon deuil ». Je ne sais pas si c’est parce que j’ai mal fait les choses…mais j’ai encore tellement mal. Plein de questions non résolues que je ne peux pas poser à personne, parce que c’est à lui que j’aimerais parler et que c’est impossible. Je me sens seule et coupable, parce que c’est inévitable, il me semble de ressentir de la culpabilité suite à un suicide (peu importe le nombre de fois où on a tenté de me convaincre que « ce n’était pas de ma faute »). J’aimerais avoir pu le sauver de sa détresse. J’aimerais que ce fut autrement. Accepter la réalité est un défi constant…

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Je comprends très bien …c’est quoi exactement un deuil… ? Moins de peine? Oublier? Apprendre à vivre sans cette personne? Pour moi c’est pour la vie ce deuil…mon fils n’est plus là celui à qui j’ai donné la vie est parti avec une partie de la mienne…mais je continue car j’ai d’autres enfants et petits enfants donc ceux de mon Max en qui je revois mon fils … faut pas lâcher……

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Chère @Hirondelle,

Malheureusement la société désire que le deuil soit chassé de nos vies à vive allure suivant la tragédie… Les gens qui nous entourent ne supportent pas de nous voir souffrir alors ils nous dictent comment agir et penser afin de nous faire sentir mieux. S’ils savaient que ce n’est pas de cette façon que cela se déroule, l’on y peut rien, l’on ne peut pas escamoter les étapes et les phases d’un deuil. Chacun a sa propre façon d’y faire face, chacun a sa vitesse de croisière à travers le cheminement et il n’y a pas d’instructions et de route réglementaire à suivre. L’on peut passer par une étape et y revenir un peu plus tard, ce n’est pas grave. Il fait vivre ce que l’on a à vivre, que la société le veuille ou non, un point c’est tout.

Nous avons, pour la plupart d’entre nous endeuillés du suicide, tous des questions sans réponses et de la culpabilité envers le geste qui a été posé par les disparus, cela me peine de savoir que ces sentiments peuvent toujours être accaparant 10 ans après. Je vous souhaite de retrouver une paix intérieure, douce et apaisante, afin de calmer votre culpabilité. :heartpulse:

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@Hirondelle Il y a bcq de sous questions a ton texte (bienvenue en passant). Comme @Mondeuil @Cachou le disent c’Est quoi un deuil? Moi je rajouterais c’est quoi la finalité d’un deuil? Le monde normal, ceux qui nous pas vécu la mort (sous toute ses formes ) voit le deuil comme un parcours du combattant avec une ligne d’arrivée comme un marathon de montréal. Qui dit arrivé dit finalité et retour a la normale. Mais ceux qui l’on vécu vont te dire la ligne d’arrivée c’est le début…pas la fin. Le marathon c’est apprivoiser ta peine, ta douleur, tes regrets, ta culpabilité, les nuages noirs, les tempêtes, le beau temps, les rires. les pleurs…la vie après quoi. Une fois que tu as tout vécu ca….plusieurs fois…que tu as fait toute les premières fois effectivement bravo tu as fait le parcours du combattant. Mais après c’est pas fini. Après …c’est ta nouvelle vie. Même que je dirais après…c’est vivre avec, Point. Donc oubli le 1 an…2 ans…10 ans…30 ans…Ben oui que tu vas avoir encore de la peine. Ben oui que tu vas encore pleurer et manquer sa présence. Calvaire on est humain. On est pas des robots. C’est juste un peu plus facile….Mais il y a un mais……si tu ne voit pas de couleur…si la joie est complètement absente de ta vie….si tu te refuse d’être heureux alors la oui y’a quelque chose qui cloche. C’est pas anormal non plus mais c’est un signe. Un signe que tu as besoin d’aide encore…that’s it. (le tu ici ne s’applique pas a toi mais a une persoone x)

Alors voila c’est ca ma vérité a moi. A toi de faire la tienne. Tse moi cachou et tous les autres qui tentent de répondre le plus possible on est ici pour partager notre expérience. Nous ne sommes ni gourou ni illuminé ni prophète. Nous ne détenons pas la verité ou la réponse parfaite. Ce qu’on détient c’est une parcelle de vérité. Notre vérité. J’aime ce forum. C’est un gros casse-tête. A force de voir les différents morceau du puzzle l’image va finir pas apparaître……

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Merci à vous trois @Mondeuil @Cachou et @powder. Ça me fait beaucoup de bien de vous lire…Ce que vous dites est juste. Je suis contente d’avoir rejoint le forum. Déjà, se relier à une communauté apaise et réconforte. Je sais qu’il n’y a pas de solution miracle à la souffrance, seulement un paquet de petites choses à mettre en pratique jours après jour. Parfois, on « saisit le concept » mais ça prend de la persévérance, de la volonté, surtout quand la détresse de l’impuissance remonte à la surface. Heureusement, je vois et ressens encore des couleurs, de l’amour, de la joie, de la bienveillance en moi et autour…qui me donnent le courage de poursuivre, d’espérer la paix. Merci de m’avoir répondu, vraiment.

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Bonjour Hirondelle,
bien sûr que ce deuil vous fait ‹ ‹ encore › › mal… Je crois qu’on a mal toute la vie. Ça ne veut pas dire qu’on ne réapprend pas à être heureux, même joyeux. Et ne vous empêchez pas d’en parler, de l’évoquer, auprès de votre entourage. J’ose vous le conseiller. Ceux qui vous diront de passer à autre chose ne savent pas ce qu’est un deuil complexe, un deuil à cause du suicide. Mais la plupart des gens, selon ma petite expérience, n’osent pas nous en parler, de peur de nous blesser. Et beaucoup sont soulagés quand ils nous entendent en parler, même s’ils constatent que nous souffrons. Ils sont soulagés parce que ça ouvre le sujet. Personnellement, je trouve important d’en parler autour de moi, pas tout le temps, pas démesurément, mais parce que c’est tellement présent dans ma vie. Et, aussi, surtout, parce que je pense que ça fait office de prévention. Il faut que les gens le sachent à quel point ceux qui restent sont à jamais endeuillés. Il faut que ça se sache que s’enlever la vie laisse, autour de soi, des dizaines de personnes en souffrance. Voilà. Prenez soin de vous!!

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Belle Hirondelle,

Quand quelqu’un meurt, à chaque année qui suit chaque fêtes, ainsi que tout plein de clins d’œil dans le quotidien, ravivent l’absence. Parfois je vois quelqu’un qui me rappelle mon grand frère, ou un autre qui a la dégaine de mon plus jeune frère… et chaque fois ça me rappelle que nous ne vieillirons pas ensemble. Que nous ne regarderons pas nos enfants grandir ensemble. Et dans le deuil par suicide, ces moments ravivent aussi les questions sans réponses, la douleur de ne pas avoir pu agir, de ne pas avoir vue la souffrance. Aujourd’hui, 16 ans après le décès de l’aîné et 1 an après le décès du plus jeune, je laisse les larmes couler quand elles viennent mais mon cœur est paisible en lien avec leur chemin de vie. Les questions se sont tues. Je te le partage pour que tu perçoives cette possibilité. Le deuil n’est pas une question de temps qui passe, ça m’aura pris plus de 10 ans suite au suicide de mon grand frère, ça été plus court suite au décès du plus jeune, j’avais fait un bout de chemin. Ce chemin vers cette paix intérieure qui m’habite maintenant, je l’ai fait en sortant des sentiers battus. En explorant mes croyances en lien avec la mort, en lien avec la santé mentale, toutes les croyances en dessous avec les « j’aurais dû » ou « J’aurais pu » . Je l’ai fait en parlant à mes frères de toutes sortes de manière, et en écoutant leurs réponses, au creux de mon cœur, et la paix s’est installée. Maintenant, je peux te dire que je ressens non seulement l’amour que je porte en moi pour mes frères, mais aussi, curieusement, je ressens l’amour qu’ils ont pour moi d’avoir pu les libérer de ma peine. Puisses-tu trouver en toi la capacité pour embrasser cette réalité et ainsi la beauté de ton humanité.

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